Avant de vous présenter, le travail et les pièces qu'ils ont conçu pour notre exposition Contenant/Contenu , nous vous invitons à faire plus ample connaissance avec ce très joli duo de créateurs, complices dans la vie et dans l'atelier.
Il y a Anne, Anne Cardot qui depuis l'enfance sait ce qu'elle veut pour sa vie : être* et artiste*. Elle a patiemment suivi ce chemin, débutant avec une formation aux Arts appliqués au sein de l'Ecole Duperré, puis enchainant aux Beaux-arts de Paris. A maintenant 62 ans, elle ne renie rien de son parcours, et s'enorgueillit même d'exercer le métier le plus exigeant qu'elle connaisse. *
Avec sa double approche de sculpteur et d'enseignante en Arts Appliqués, elle trouve un équilibre. D'un côté laisser libre court à ses recherches et ses projets, interroger la forme des choses en modelant la terre, le plâtre, le ciment, la cire, parfois faire fondre certaines pièces en bronze ... tout en se passionnant pour les choses qui justement n'ont pas de forme : la fragilité, les seins, les saints, les nuages, la pluie ou encore les sédiments... Dessiner au lavis et cultiver sa connivence avec les médias aqueux, jouer avec des matières un peu frustres, d'une beauté en attente, à capter*, aller chercher et valoriser ce qui se cache au-delà des apparences, remettre constamment en jeu les savoirs, les savoir-faire et la technique pour inventer de nouveaux processus et de nouvelles formes, tortiller des fils qui s'en mêlent (s'emmêlent), user d'une technique modeste pour laisser vivre leur flux entre les doigts et ruisseler leurs couleurs
Par son activité d'enseignante, Anne cultive l'idée de donner à de jeunes gens, le temps de découvrir leur identité, leurs centres d'intérêt, ce qui sera le cœur de leur travail créatif comme on l'a si bien fait pour elle aux Beaux-arts de Paris dans l'atelier de Michel Charpentier et poursuivre ainsi la chaine de la transmission.

Et puis il y a Jean, Jean Gazdac, l'autodidacte qui, à 19 ans, seul dans une maison à la campagne à découvert des ciseaux à bois et a commencé à jouer avec, découvrant tout à coup que le temps n'avait plus d'importance, que le bonheur était dans créer et que c'est ce qu'il voulait faire de sa vie.
Ses débuts furent pour lui passionnants, les artistes rencontrés (dont son mentor, le peintre surréaliste Raymond Daussy) le confortant dans ses choix et validant l'intérêt* des œuvres qu'il créait. Ces regards bienveillants lui ont offert la confiance en soi nécessaire pour travailler et montrer son travail, ainsi aidé financièrement par sa famille il a pu réaliser sa première exposition personnelle   seulement 24 ans. Et, depuis un peu plus de 40 ans, il poursuit son cheminement commencé en modelant la terre et faisant des moules pour réaliser des sculptures en résine pour aujourd'hui mouler et modeler de la cire pour mettre en œuvre des tirages en pâte de verre et/ou en métaux non ferreux. Il arpente ce fin chemin où le modelage impose un rapport fort à l'intuitivité et l'immédiateté avec la création en cours qui oblige à rester éveillé*, tandis que le moulage et la réalisation de moule en plâtre réfractaire le confrontent à des aspects d'extrêmes contraintes techniques. Et se réjouit du plaisir à créer, à chercher, à laisser reposer puis à reprendre, à terminer une œuvre et en commencer une autre.
En 2011, il a adopté comme couleur principale le bleu de cuivre à la faveur de l'exposition Primaires d'Atelier d'Art de France, il le décrit comme unique par la spécificité de sa couleur et sa capacité à varier d'intensité en changeant d'épaisseur*. Elle souligne les jeux de transparence et de fragilité qui caractérise son travail, dont il aime dire qu'il permet d'exposer nos vulnérabilités*.

Lorsqu'on les interroge sur les conseils qu'ils pourraient donner à un jeune artiste qui débuterait son parcours, l'une répond « Croire en lui », l'autre « Prendre confiance, réaliser que la confiance en soi est quelque chose que l'on s'offre à soi et qu'on ne reçoit pas des autres même si le soutien extérieur est très important ; mais aussi se donner les moyens intellectuels ou autres pour pouvoir travailler. Construire un équilibre et ne pas se mettre en danger ».
Et le temps étrange de la crise sanitaire, comme un arrêt sur image loin des structures d'expositions et des projets de rencontres avec le public ils l'ont visiblement vécu de manière assez sereine. Anne a choisi de faire sienne la phrase de Blaise Pascal « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » et de s'offrir et se gorger du plaisir de ralentir. Jean lui a décidé de vivre le confinement comme « une résidence d'artiste à domicile » l'atelier étant au rez-de chaussée de la maison d'habitation, et durant cette « résidence » il a été encore plus loin dans l'exploration de la fragilité, « La beauté est fragile » (nom de leur atelier commun) se teintant tout à coup de « La vie est fragile ».
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